Accident du travail mortel à Pommard (21) et Bilan tragique en France
- Le 02/06/2025
- Dans News prévention
Pommard, en Côte-d'Or (21), a connu un drame le 13 mai 2025, bouleversant la tranquillité de la ville. Trois ouvriers, âgés de 45, 56 et 58 ans, perdaient la vie, écrasés par l'effondrement d'un mur sur le chantier d'un bâtiment agricole. Ce tragique événement, qui a mené à l'ouverture d'une enquête pour "homicide involontaire dans le cadre du travail", vient cruellement rappeler une réalité souvent occultée : en France, les accidents mortels sur le lieu de travail sont loin d'être résolus.
Une mortalité alarmante et des chiffres incomplets
Les données présentent une image préoccupante de la sécurité professionnelle dans l'Hexagone. 84 personnes sont déjà mortes au travail depuis janvier 2025 en France. Les chiffres officiels de l'Assurance Maladie pour l'année 2023 révèlent 759 décès sur le lieu de travail, une augmentation par rapport à 2022, qui était déjà une année record. Quotidiennement, en moyenne, deux personnes perdent la vie en France en raison de leur activité professionnelle.
Cependant, ces chiffres, bien qu'alarmants, ne racontent qu'une partie de l'histoire. La CGT estime que le bilan réel est bien plus lourd, au-delà des 1200 morts annuels, car les statistiques officielles n'incluent pas les accidents de trajet, les décès dus aux maladies professionnelles, les agents de la fonction publique ou les auto-entrepreneurs. De plus, les malaises mortels, souvent des morts subites dues à des infarctus, représentent désormais plus de la moitié des accidents du travail mortels. Ces troubles affectent principalement les hommes, qui constituent 93 % des victimes, avec un âge médian de 51 ans.

La construction, l'agriculture, la sylviculture et la pêche figurent parmi les secteurs les plus à risque, représentant ensemble plus de 50 % des accidents mortels survenus durant la période de 2023 et 2024. Il est également préoccupant de noter que les jeunes (15-24 ans) et les travailleurs ayant peu d'ancienneté sont particulièrement vulnérables aux accidents du travail.

Au-delà du "fait divers" : Un coût Humain, Social et Économique
Le drame de Pommard illustre une réalité trop souvent minimisée : les accidents mortels au travail ne sont pas de simples "faits divers", mais un profond "fait de société". Selon la Ministre du Travail et les élus, ces décès témoignent d'un système auquel la "course aux profits" peut primer sur la vie humaine, par manque de protection ou de règles strictes.
Les conséquences de ces accidents vont bien au-delà du drame personnel. Ils engendrent un coût socio-économique considérable, estimé à 2-3% du PIB pour les dépenses d'assurance sociale. Pour les entreprises, aux indemnisations s'ajoutent des coûts indirects (perte de productivité, retards, dégradation d'image) pouvant être 3 à 5 fois supérieurs aux coûts directs, un seul jour d'absence coûtant environ 300 euros et un accident grave jusqu'à 93000 euros.
L'Impératif de la Prévention : Un Investissement Essentiel
Face à cette urgence, la prévention s'impose comme une obligation légale et un investissement rentable (chaque Euro investi rapportant 2,2 €uros). Le "Plan pour la prévention des accidents du travail graves et mortels 2022-2025" du Ministère du Travail vise à cibler les publics à risque (jeunes, nouveaux embauchés, intérimaires) et à renforcer les leviers de prévention. Ces derniers reposent sur la responsabilité de l'employeur, l'évaluation des risques (EvRP), la formation continue du personnel et les actions de protection collective.
En brisant le silence et en plaçant la lutte contre les accidents du travail graves et mortels au cœur de nos préoccupations, nous pouvons collectivement bâtir un avenir où la vie de chaque travailleur sera véritablement protégée.
✍️ Expert R et Expert A